• Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

    ______________________________________________________________________  Publié le 03/06/2020

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    Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

             Le jour de sa naissance, racontait son père, le royaume avait sombré dans la misère.

             Ygraine s'était éteinte avant même qu'il ne puisse ouvrir les yeux, laissant derrière elle un roi éploré, rongé par les remords, la culpabilité, et un fils qui passerait sa vie à imaginer être responsable de sa mort. Uther avait cédé à la haine, à la colère, à la peur et à la tyrannie qui enflait dans son cœur. La première leçon qu'Arthur avait apprise de son père était le silence.

             Tais-toi, répétait-il souvent.

             Écoute et apprends.

             Bats-toi. Endurcis-toi.

             Un jour, tu seras roi.

             Ne laisse jamais personne te voler tes droits, ta foi, ton rang.

             Ne pleure pas. Lève le menton. Plus haut, Arthur, plus haut.

             Encore, Arthur, encore. Plus fort, plus fort, encore.

             Sois meilleur.

             Sois fort. Sois droit. Sois juste et bon.

             Un jour, tu seras roi.

             Tais-toi et rends-moi fier.

             C'était un enseignement qui s'était ancré dans sa chair, dans son sang, profondément. Une maxime qu'il avait appliquée de toutes ses forces les vingt premières années de sa vie. Il s'était interdit les confessions, la moindre vulnérabilité. La moindre faiblesse auprès de ses chevaliers. Ses doutes et ses peurs étaient devenus de l'ordre du personnel, ses sentiments, de l'incommunicable, ses rêves, de l'intime. Et l'intime était dangereux. L'intime était la voie de la trahison. La voie de la douleur et de la déception. Alors Arthur avait œuvré de toutes ses forces pour cadenasser au loin son désir d'affection, de contact et de proximité. S'était résigné à s'entourer de camarades et avait renoncé à l'amitié.

             Il avait tenu vingt-deux ans.

             Il avait tenu jusqu'à l'arrivée à Camelot d'un étrange garçon aux oreilles décollées, jusqu'à ses remarques insolentes et impertinentes. Jusqu'à son attitude trébuchante, sa vulnérabilité qui débordait partout, sa douceur et sa témérité. Jusqu'à son réflexe impossible de le tirer hors du danger et de rouler avec lui sous la table du banquet. Jusqu'à sa chaleur, sa présence, ses promesses. Jusqu'à son luth, sa musique, sa voix.

             Jusqu'à ce que cet étrange paysan ne se faufile dans son cœur et refuse de le quitter.

             Tais-toi, avait dit Uther. Ne t'attache pas. Ils te tromperont à la première occasion.

             Son fils l'avait ignoré. Son fils s'était attaché.

             Mais Uther avait eu raison.

    Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

     

             Arthur demeura immobile de longs instants, statufié au milieu de la salle du trône, le regard pétrifié sur l'endroit où l'éclair avait frappé. Perdu sur les marques noires, la fumée.

             Son monde venait de cesser de tourner. Plus rien n'avait de sens. Il n'y avait plus de haut, plus de bas. Plus d'Est, plus d'Ouest. Plus d'hier, plus de demain. Plus rien d'autre que le souvenir des éclairs aveuglants, la déchirure qu'ils avaient creusé dans le monde, le temps, son cœur.

             Plus rien que l'écho lointain de son monde, éventré, foudroyé.

    « Arthur ? »

             Il ne répondit pas. Cela ne l'intéressait pas.

             Cela ne l'intéressait plus.

             À quoi bon le monde ? À quoi bon le temps ?

             Plus rien n'avait de sens.

             Il allait ouvrir les yeux d'un instant à l'autre. Se réveiller dans son lit, dans la chaleur des draps, l'esprit embrumé et peu motivé à se lever pour se confronter à ses devoirs de la journée. D'un instant à l'autre, le monde allait basculer à nouveau dans le bon sens. À l'endroit. Il entendrait des pas, les gongs de la porte grincer, les rideaux être tirés, le claquement métallique de son repas sur le bois de la table.

             Tout cela n'était qu'un rêve.

             Tout cela n'était qu'un cauchemar.

             Il refusait d'y croire.

             Au loin, quelque part dans un plan de l'existence où les choses avaient encore du sens, des éclats de son résonnaient. Il y avait du mouvement, aussi. Des allées et venues frénétiques. Des bruits d'épée, des raclements de métal contre les dalles. Des conversations tenues à voix basse.

    « Arthur ? Arthur ! »

             Ce fut la vue du sang à terre qui le sortit de sa torpeur. Sang. Guenièvre. Blessée. Où était-elle ? Où étaient ses chevaliers ? Gauvain ? Galaad ?

             Une main tomba sur son épaule. Arthur releva les yeux. Le visage de Léon était tordu par l'inquiétude.

    « Où est Gwen ? furent les premiers mots qu'il parvint à prononcer dans ce monde impossible et renversé. »

             Le soulagement qui déferla sur les traits de son sénéchal fut immanquable. Doucement, des éléments lui revinrent. Il y avait de la suie sur le front de Léon et dans ses boucles blondes, mais plus d'épée dans sa main gauche.  

    « La reine est avec Gaius, répondit-il immédiatement. Galaad et Gauvain aussi ont besoin de soins. Elyan est avec eux mais Perceval et moi-même tenions à rester avec vous pour la reddition des armées. »

             Il fronça les sourcils.

    « La reddition ? répéta-t-il. »

             Léon le dévisagea longuement. La ride d'inquiétude se creusa et il jeta un coup d'œil furtif à Perceval oscillant à sa gauche. En réponse, le chevalier se rapprocha.

    « Odin a été capturé, Sire, rappela-t-il précautionneusement. Alined tué pendant l'assaut. Les reines Annis, Elena et Mithian vous attendent aux portes de la ville pour établir les termes de la victoire et de la fin du siège. »

             Oh. La victoire. Camelot avait triomphé. Ils avaient gagné.

             Vraiment ?

    « Allons-y, dans ce cas, répondit-il platement. »

             Il se sentait hors de son corps. Était-ce possible ? Ses muscles bougeaient seuls. Ses jambes avançaient sans son accord. Tout s'enclenchait sans lui. L'étiquette était ancrée bien plus profondément que son identité, semblait-il. Même sans âme, sans esprit, il était capable de jouer au roi. Alors Arthur se mit en marche, repoussa tout et se laissa disparaître sous la couronne.

             Sois fort. Sois meilleur. Sois grand.

             Lève le menton. Sois juste.

             Ravale le reste.

             Un jour, tu seras roi, Arthur.

             Un bon roi se tait, un bon roi n'œuvre pas pour soi.

             Roi. Pas toi. Jamais toi.

             Toi, tais-toi.

             Léon et Perceval lui emboîtèrent immédiatement le pas, le menton haut. Il enjamba une pierre. Ignora le crissement de ses bottes dans les gravats. Le plafond éventré. Le soleil qui giclait par les vitraux déchiquetés. Il chercha inconsciemment le poids d'Excalibur contre ses doigts. Entoura ses phalanges sur la fusée un instant, puis fut assailli par l'image d'un sourire et d'un regard bleu. L'image vacilla. Feu. Bleu. Feu. Il retira immédiatement sa main de la garde et força son esprit à se concentrer sur le son des cris de joie autour de lui et sur la clameur assourdissante qui enflait depuis le château et se propageait dans la cité. Le peuple était sauf. Camelot, épargnée. Les corps cesseraient de tomber. C'était cela, l'important.

             Vraiment ?

             Ils atteignirent les murailles en quelques minutes. Sur le chemin, de nombreux chevaliers s'étaient greffés à leur groupe et suivaient silencieusement la procession royale. Des provisions étaient acheminées de la ville au château, des paniers complets de victuailles et des barils d'eau roulaient depuis les lices. Des serviteurs courraient en tous sens, cherchaient à retrouver leurs amis dans les décombres. Certains chevaliers tentaient déjà d'organiser la reconstruction et le secours des blessés. Arthur garda le regard fixé sur son objectif, ignora de toutes ses forces les premiers murmures qui surgirent dans son dos et dans le vide à ses côtés.  

             Il n'y avait plus de place pour l'individu sous la couronne. Plus de place pour Arthur. Plus de place pour l'homme qui avait cru un jour avoir droit à l'amitié.

             Roi, pas toi.

    Toi, tais-toi.

    Chapitre 5 - 1

    Chapitre 5 - 1

     

             Il lui sembla sortir la tête hors de l'eau une première fois lorsqu'il aperçut Annis, Mithian et Elena réunies, en armure complète sur leurs destriers, fières et droites aux côtés de leurs troupes. L'image de leurs armées depuis la tour ouest s'imposa à nouveau dans son esprit. Elles étaient venues. Ses alliées étaient venues sans même qu'il ne les appelle. Elles avaient accouru à leur secours. Politiquement, pensa-t-il, il n'était pas seul. Le monde avait encore un peu de sens. Le monde valait la peine qu'il se concentre pour les remercier. Il y avait une lueur rayonnante dans les yeux des trois femmes, alors Arthur inspira profondément et trouva la force de faire grimper un sourire jusqu'à ses lèvres.

             Roi, pas toi.

             Toi, tais-toi.

             D'entre-elles, c'était Mithian qu'il connaissait le mieux et vers elle qu'il se dirigea en premier. Après tout, tous deux avaient été fiancés deux ans plus tôt, alors qu'Arthur pensait encore qu'il était possible de vivre sans Guenièvre et tentait d'assurer des alliances avec les royaumes voisins par son mariage. Mithian n'avait rien perdu de sa beauté. Ses longs cheveux bruns, finement tressés sur sa nuque, disparaissaient sous le lourd cuir de son armure et ses yeux de jais brillaient d'intelligence et de victoire. Il l'avait pressenti lorsqu'elle avait séjourné à Camelot et son allure le lui confirma : il y avait en Mithian une reine redoutable. Pas étonnant, se dit-il, que son père déjà âgé ait abdiqué pour lui laisser le pouvoir. Nemeth prospèrerait sous son règne, il en était certain.

             À ses côtés, la Reine Annis, d'une vingtaine d'années leur aînée, avisait la foule d'un air strict et satisfait. L'alliance avec Gwynedd avait après tout été l'un des premiers accomplissements d'Arthur après son couronnement, l'un des premiers amendements d'Albion. Dire qu'il s'était laissé manipuler par Agavrain, laissé convaincre que le meurtre de Caerleon était une absolue nécessité... Qu'il était idiot. Qu'il était crédule. Encore trompé. Encore... Non, pensa-t-il fermement. Il ne devait pas penser à cela. Les rapports de Camelot avec Gwynedd étaient prolifiques depuis la signature du traité. Annis une reine sévère mais juste. Il aurait été prêt à parier que les relations avec le royaume allaient, avec les années, donner naissance à une alliance profitable et mutuellement bénéfique. Mais jamais il n'aurait pensé qu'Annis aille jusqu'à mobiliser ses troupes pour venir en aide à Camelot.

             L'histoire de la reine Elena lui était moins connue. Il savait, vaguement, par les rapports des émissaires de Camelot, que la princesse était retournée aux bons soins de ses tuteurs à Gawant à la suite de leurs fiançailles avortées six ans plus tôt. Avait entendu les rumeurs d'une transformation complète de la jeune fille blonde après la disparition de sa suivante. Arthur avait rencontré Elena échevelée, négligée, maladroite à tel point que si on lui avait révélé qu'elle était en réalité possédée par un esprit de gobelin ou de fée, l'information ne l'aurait pas surpris outre-mesure. Mais face à lui, la femme en armure de métal n'avait plus grand-chose de celle qu'il avait connue. Elle lui inspirait une admiration et un respect certain. L'espace d'un instant, à voir ses cheveux blonds tressés en de longues nattes et son air déterminé, Arthur pensa à Morgause. Non. Oh que non, se corrigea-t-il. Les deux femmes n'auraient pas pu être plus différentes. Ce n'était pas parce qu'elles étaient toutes deux de redoutables combattantes qu'elles pouvaient être comparées. Morgause était une traitresse. Une sorc... Le monde tangua à nouveau. Il inspira profondément. Se concentra sur les trois reines.

             Roi, pas toi.

             Toi, tais-toi. 

    « Vos Altesses, salua-t-il. 

    — Roi Arthur, répondirent-elles de concert. »  

             Elles descendirent de cheval d'un même mouvement. À l'instant où leurs pieds touchèrent sol, Arthur posa un poing sur sa poitrine et s'inclina.

    « Mes dames, déclara-t-il, conscient que tous les regards étaient tournés sur eux, le royaume et moi-même vous devons une dette inestimable. Au nom de tous les habitants de Camelot comme au nom de mes hommes, qui tous doivent la vie à votre intervention, je vous remercie. Quoi que Camelot puisse vous offrir en reconnaissance, nous serons ravis de vous l'octroyer. »

             Mithian fut la première à s'avancer.

    « Nous sommes vos alliés, Messire, sourit-elle. Répondre à l'appel à l'aide de Camelot était une évidence, pas une manœuvre politique. »

             Elle se tourna vers Annis et Elena qui hochèrent la tête à leur tour.

    « Vous en auriez fait de même si Gwynedd avait été assiégé, expliqua simplement Annis. Dès que nous avons reçu votre message, nous avons réuni nos armées et convenu de nous retrouver après la vallée des Rois Déchus pour mener un assaut conjoint.
    — Nous n'allions pas vous laisser rafler toute la gloire, sourit à son tour Elena. Et puis, nous sommes toujours ravis de pouvoir être utiles au maintien de la paix. »

             Plus qu'utiles, pensa Arthur. Sans leur intervention, Camelot serait tombée et il n'aurait pas donné cher de sa tête.  

    « Nous célèbrerons cette victoire dans les règles de l'art, je vous l'assure, s'entendit-il promettre, une fois que la cité aura retrouvé un rythme plus habituel. J'ai cru toutefois comprendre que vous parliez d'un message, votre Altesse ? »

             Annis se tourna vers Arthur et acquiesça. Ce dernier fronça les sourcils. Il revoyait encore clairement les pigeons se faire embrocher par les archers d'Odin et d'Alined au quatrième jour de la bataille. Nemeth comme Gawant étaient à plus de cent cinquante kilomètres de Camelot. Jamais une telle armée n'aurait pu parcourir tant de chemin en moins de huit jours. Il se força à faire le calcul. Huit jours plus tôt... Le siège débutait tout juste. Que s'était-il passé ? Un de ses espions était-il parvenu à se faufiler dès les premières heures hors des combats ? À qui devait-il ce geste extraordinaire ? À qui Camelot devait-elle la vie ?

    « Auriez-vous par hasard encore ce message en votre possession ? »

             Des regards intrigués s'échangèrent entre les reines.

    « Je l'ai, assura Elena en se tournant vers son cheval pour fouiller dans les sacoches de cuir, au grand désespoir d'un de ses serviteurs qui la regarda se salir les mains d'un air perdu entre la résignation et la fatigue. »

             La jument en question réclama d'un coup de tête une caresse que la reine lui accorda sans réfléchir. La vision rassura Arthur. Elena n'avait pas tant changé que ça, semblait-il. Il y avait toujours en elle la cavalière extraordinaire et la jeune femme dépenaillée, étonnement terre à terre. Le monde n'était pas si brisé. Mais tout... tout était changé. Arthur inspira profondément, chassa au loin ses pensées traitresses.

    « Le voici ! clama la reine en lui tendant un morceau de parchemin. »

             Il s'en saisit. Sous ses doigts, la peau tannée était douce. Il aurait reconnu ce cuir entre mille autres ; il venait clairement de leur colombier. Quant au sceau, c'était indubitablement le sien. Mais il n'avait jamais scellé pareille missive ! Quelqu'un aurait-il pu lui voler sa chevalière ? Non, raisonna-t-il, elle n'avait pas quitté sa personne et il aurait remarqué son absence autour de son cou. Était-il possible de falsifier sa signature ? À moins d'y dédier de longues heures, ce que personne ne pouvait faire en période de siège, pas même les courtisans les plus oisifs, et d'être de surcroît un forgeron particulièrement doué et minutieux, ce qui à sa connaissance n'était le cas que de Guenièvre et d'Elyan, cela semblait tout bonnement impossible. Alors comment ? Il ouvrit le message, déterminé à élucider par son contenu l'identité de son destinataire. Qui aurait pu... Oh. Oh. Ses mains se mirent à trembler. Brusquement, le monde tangua à nouveau. Il connaissait cette écriture en pattes de mouche. Il connaissait... Non. Il ne connaissait pas. Il ne connaissait plus. Ses yeux parcoururent les mots malgré lui. La cire rouge apocryphe. Mensonge. Mensonge. Mensonges. Que des mensonges.

             Ses doigts se crispèrent sur le parchemin. Froissèrent les lettres. La colère, bouillante, sourde, monta.

    « Il y a un problème, Messire ? Cette missive ne venait-elle pas de vous ? 

    — Si, rétorqua-t-il sans réfléchir. Si... Elle vient bien de mon... de mes conseillers. »

             Il tenta de rattraper son souffle. Bon sang, il ne pouvait pas se permettre de perdre le contrôle de ses émotions, pas alors que les royaumes le scrutaient ainsi. Pas alors que face à lui, les trois reines n'avaient aucune idée de la cause de sa détresse.

             Roi, pas toi. Roi, pas toi.

             Disparais, Arthur. Sous la couronne, sous le rôle, sous le titre.

             Tais-toi.

    « Arthur ? fit la voix étrangement douce de Mithian. »

             Il surprit ses yeux noisette à chercher une silhouette à sa droite et se mordit fermement l'intérieur des joues. Elle lui lança un regard interrogateur qu'il ignora sans vergogne. Pas le moment. S'il autorisait la moindre de ses pensées à dériver de ce côté-là, le monde allait tanguer, tanguer, tanguer... et basculer pour de bon. Faites qu'elle ne demande pas, implora-t-il intérieurement. Dieux, pitié, faites que Mithian se taise. Il ne pourrait pas supporter d'entendre ce nom, entendre l'inquiétude qui allait l'accompagner. Ce n'était pas réel. Tout était un cauchemar. Rien n'était vrai. Mais si elle osait demander, cela le deviendrait. Si elle osait, il ne pourrait plus prétendre que le monde tournait.

    « Mes excuses, la rassura-t-il bravement, ces derniers jours ont été une épreuve. Accepteriez-vous de me rejoindre dans la salle du conseil afin de discuter plus longuement ? »

             Mithian n'insista pas, mais l'inquiétude ne disparut pas pour autant de son visage. Que quelqu'un lui dise de se taire, pria-t-il. Que quelqu'un lui dise que personne n'aurait plus jamais le droit de prononcer ce nom. Hors de sa vue, hors de son ouïe, hors de son cœur. Il ne voulait plus l'entendre. Arthur fourra le parchemin froissé dans la poche de ses braies. Poussa son esprit dans l'oubli.

             Elena fronça les sourcils, Mithian lui jeta un regard à la dérobée et Annis fit la moue, mais toutes demeurèrent silencieuses. Elles acceptèrent sa proposition d'un même mouvement de tête et Arthur leur ouvrit la voie vers le château encore fumant.

    « Oh, et traînez Odin et un représentant d'Alined avec vous, ordonna-t-il au bras droit d'Annis, resté, avec quelques autres serviteurs, proche de sa reine. Il me semble que nous avons des clauses à leur imposer. »

             L'homme s'inclina et disparut dans la foule. Les trois reines suivirent Arthur.

             Sur le chemin, il laissa échapper malgré lui un soupir tremblant. La main de Léon dériva discrètement jusqu'à son épaule, la serra un instant. Le geste fendit autant qu'il apaisa son cœur.

             Au loin, des oiseaux se remirent à piailler. Des cris de joie et de soulagement s'élevèrent depuis les murailles.

             Arthur les ignora.

     

    >> suite du chapitre 5


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