• Chapitre 4 - 1

    ______________________________________________________________________  Publié le 11/02/2020

     Chapitre 4 - 1          PLAYLISTS       

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    Chapitre 4 - 1

    Chapitre 4 - 1

     

             Arthur fut sur ses pieds en un instant.  

             Guenièvre attrapa une fourrure qu'elle jeta sur ses épaules avant de se ruer à son tour dans le couloir. Merlin éteignit le feu en y lançant la carafe d'eau et courut à leur suite. Comment était-ce possible ? Comment deux armées avaient-elles pu franchir la barrière des patrouilles, de leurs espions ? Comment auraient-elles pu échapper à tous les yeux du roi, répartis sur le territoire et parfois même au-delà des frontières ? Comment était-ce seulement possible ?

             Les portes de la salle du conseil tonnèrent contre les murs lorsqu'Arthur entra. La cour s'inclina d'un même mouvement.

    « Au rapport, déclara-t-il à l'assemblée. »

             Galaad s'avança.

    « Les armées passaient les plaines de Dénaria lorsque le messager est parti, Sire, expliqua-t-il. Elles seront sur Camelot dans cinq heures, six tout au plus. »

             Gaius entra à son tour et rejoignit Merlin qui s'était adossé contre une colonne, le tisonnier oublié dans une main. Le médecin lui lança un regard interrogateur auquel il répondit d'un hochement de tête négatif. Pour une fois, il n'en savait pas plus qu'Arthur.

    « Votre Majesté... elles portent les bannières d'Odin et d'Alined, termina Galaad. »

             Il y eut des exclamations parmi les châtelains regroupés dans la salle. Wace et Geoffroy se regardèrent, outrés. Qui aurait pu croire qu'ils avaient tous deux eu raison de suspecter les monarques. Huit ans, pensa Merlin. Huit ans que le fils d'Odin avait défié Arthur en duel. Huit ans que le jeune prince s'était opposé à la confrontation, en vain. Huit ans depuis le moment de sa mort sous le fer froid de l'épée d'Arthur. Et, semblait-il, pas un jour sans qu'Odin ne fomente sa vengeance. Les chuchotements s'élevèrent à tous les coins de l'assemblée. Quand s'arrêterait donc cette revanche ? Fallait-il vraiment que la tête d'Arthur roule pour que cesse cette folie ? Pourquoi ne pas provoquer directement le roi en duel ? C'était la troisième fois qu'Odin agissait ainsi envers Camelot !  

             Arthur leva une main. Le silence tomba immédiatement.

    « Combien d'hommes ?

    — Au moins quinze mille, seigneur. En plus d'une dizaine de machines. »

             Cette fois-ci, la cour resta muette. Il fallait des semaines pour amasser et déplacer des troupes pareilles. Comment était-il possible que les informations ne leur soient pas parvenues ? Merlin dévisagea la foule. Y avait-il un traître dans leurs rangs ? Quelqu'un qui avait retenu, déformé les nouvelles ou les rapports ? Mais qui ? Qui aurait eu intérêt à s'allier à la vendetta d'Odin ? Pour la première fois depuis des années, il ne soupçonnait personne. Certes, certains membres du conseil n'étaient pas très friands du règne et des décisions d'Arthur, regrettaient quelque peu la main froide et sévère d'Uther, mais aucun ne lui semblait du genre à se tourner contre la cité. S'il y avait bel et bien eu un traître à Camelot, se dit-il, il l'aurait forcément su. Il était devenu bien trop paranoïaque pour laisser filer une trahison d'une telle ampleur.

             Et que venait faire Alined dans cette attaque ? La dernière fois que le roi était venu à Camelot, il avait certes tenté de faire capoter le traité de paix proposé par Uther en ensorcelant Arthur et Viviane, mais de là à attaquer ouvertement le royaume, avec une armée de surcroît, il y avait tout de même un monde... L'esprit de Merlin lui renvoya soudain l'image de Trickler, le valet qui suivait le roi de Deorham comme son ombre et qui, avait-il découvert à ses frais, maîtrisait la magie. Était-il possible que cette offensive soit dirigée par la sorcellerie ? Arthur ignorait l'existence des pouvoirs de Trickler, se rappela-t-il. Allait-il devoir le lui confier ? Comment allait-il bien pouvoir lui expliquer comment et pourquoi il le savait ?

    « Nous allons tenir siège, décréta gravement le roi. »

             Ils n'avaient pas le choix, réfléchit Merlin. Pour assembler une armée capable de rivaliser avec celles qui leur fonçaient dessus, il leur aurait fallu une semaine, au grand minimum. Même si Arthur parvenait à mobiliser les soldats des villages voisins, ce qui était très loin d'être gagné en cinq heures alors que la nuit allait tomber, ils n'auraient pas un dixième des ressources humaines pour faire front. Le château et la basse ville abritaient une grosse centaine de gardes, une cinquantaine d'archers, une soixantaine de chevaliers... et même en désignant les soldats alentours, ils n'arriveraient jamais au-delà de quatre cent hommes. Leur seule solution était effectivement de se replier au sein de Camelot et d'essayer de rassembler les forces vives des régions proches pour mener une contre-offensive dans les jours à venir.

             Le siège leur coûterait cher. Ils sauveraient leurs vies, pas leurs richesses. Camelot pouvait certes abriter un certain nombre de paysans, mais tous ne pourraient pas se mettre en sécurité derrière les remparts, encore moins en si peu de temps. Les armées d'Odin et d'Alined raseraient et pilleraient tout sur leur passage.

             Ils courraient à la ruine et à la famine l'hiver prochain.

             Même s'ils repoussaient les armées, cela serait un véritable carnage.

             Arrivés à la même conclusion que lui, certains châtelains se mirent à protester, à appeler malgré tout à la confrontation armée. À chaque nouvelle intervention, le visage d'Arthur perdait une teinte de couleur. Mais le roi ne les interrompit pas. Il laissa chacun lui rappeler une fois de plus quelles vies et quels biens sa décision sacrifiait. Lorsque Guenièvre intervint enfin pour ramener le silence, il était devenu livide.

    « Assez, clama-t-elle, suffisamment fort pour faire taire Wace et Léon d'un même geste, le roi a décrété le siège. Que les messagers partent le plus vite possible prévenir les villages alentours et que chacun se prépare au mieux et arme ses hommes. Amice, ordonna-t-elle en attrapant le regard de la suivante qui se tenait dissimulée derrière les seigneurs, rassemble tout le personnel du château, nous avons des réserves à préparer. »

             La dénommée disparut immédiatement par les portes ouvertes. Il y eut un instant de flottement.  

    « Vous avez entendu votre reine, exécution ! somma Arthur, peut-être un peu plus brusquement que nécessaire. Le conseil et la Table Ronde restent avec moi pour organiser la défense de la ville. »

             Gauvain, Perceval, Elyan et Léon se détachèrent des rangs, accompagnés d'une dizaine d'autres chevaliers. Gaius profita du mouvement de foule pour saisir discrètement la manche de Merlin. Ce dernier baissa les yeux. Le Sourcil de son tuteur l'accueillit.

    « Arthur sait-il que Trickler est un sorcier ? chuchota le médecin sans préambule. »

             Il hocha négativement la tête. A priori, tous deux en étaient arrivés aux mêmes conclusions. Il y avait de la magie derrière cette affaire, il en était persuadé et il n'aimait pas du tout ça. Qui savait quel coup tordu la sorcellerie leur préparait, cette fois encore. Qui savait comment Merlin allait bien pouvoir faire pour déjouer ses plans sans se faire repérer.

    « Merlin. »

             La voix de Guenièvre l'arracha immédiatement au giron de Gaius. Le vieil homme rejoignit les corneilles du conseil et Merlin trottina vers sa reine. À leurs côtés, Arthur s'était lancé dans une discussion animée avec Léon sur la possibilité de voir arriver un front par la forêt. Merlin pria pour que les arbres découragent les troupes. Après tout, la proximité avec les bois pourrait leur être diablement utile en cas d'évacuation ou de contre-offensive.

    « Est-ce que tu veux bien commencer à t'occuper des serviteurs ? Je te rejoindrai dès que l'on aura établi notre stratégie immédiate, promit-elle. »     

             Il hocha la tête. La place de la reine était à la droite du roi. Tant que l'armée n'était pas sur eux, son valet pouvait sans problème prendre le contrôle du personnel.

    « Et, Merlin... je crains qu'il ne faille que tu t'armes de quelque chose de plus efficace que ça, soupira-t-elle. »

             Il suivit son regard, perdu. Ah, oui, le tisonnier. Il sourit tristement à Gwen, s'inclina, jeta un dernier regard à la silhouette d'Arthur, déjà penché sur un océan de cartes, puis disparut.

             Il abandonna le tisonnier dans un couloir. Après tout, ce n'était pas ce bout de ferraille qui allait impacter ses capacités. Avec ou sans pique-feu rouillé, il était tout aussi puissant.

     

    Chapitre 4 - 1

    Chapitre 4 - 1

     

             Les trois heures suivantes furent noyées dans un tourbillon de chiffres, de sacs de provisions, de bruits de cloches, de réflexions sur le possible intérêt de huit tonneaux d'hydromel durant un siège et les questions inquiètes des serviteurs. Merlin pouvait difficilement les blâmer. Camelot avait beau être réputée imprenable, la ville n'avait plus subi de véritable siège depuis bientôt deux décennies. Une grande majorité du personnel n'avait jamais vécu pareil assaut. La dernière fois qu'ils s'étaient préparés pour une telle attaque, Merlin était parvenu à contrecarrer les plans de Cenred et Morgause à temps et l'offensive n'avait duré, en soi, qu'une poignée d'heures. Jamais la ville n'avait été bloquée ou coupée du reste du territoire.

             Cette fois-ci, ce serait différent. S'il en croyait les mots d'Arthur, l'organisation des armées et la présence de lourds engins, l'offensive était partie pour durer.

             Les rois étaient prêts à attendre.

             Pour Camelot, tout allait se jouer dans les premières heures, mais la cité avait et était un atout de poids. Uther avait certes été un tyran lorsque la magie était concernée, mais il avait aussi été un formidable stratège et bâtisseur. Il y avait du vrai dans la légende dorée du souverain architecte et créateur. Mis à part les dédales de caves et de grottes sous le château dont les entrées avaient été scrupuleusement encombrées depuis la fuite du Grand Dragon, le cœur de la ville demeurait sans faille et sans brèche. Fortifiée, repensée, la citadelle était inviolable sans aide interne. Si l'ennemi ne parvenait pas à forcer leurs défenses dans les vingt-quatre premières heures, il n'entrerait jamais par la force.

             Pas sans magie, lui souffla son esprit.

             Merlin serra les dents. S'il y avait effectivement un sorcier dans les rangs d'Odin ou aux côtés d'Alined, il risquait d'avoir à défendre lui-même l'entrée du donjon. Mais était-ce vraiment Trickler ? La dernière fois qu'il avait été confronté à l'homme, Merlin avait acquis la certitude qu'il était certes vicieux et appâté par le gain, mais peu puissant. Les petits sortilèges qu'il avait utilisés pour enchanter Arthur puis Viviane n'étaient que de vulgaires tours de passe-passe, accessibles à quiconque étudiait la magie quelques mois. Rien de tonitruant, rien d'inquiétant pour l'intégrité de la cité.

             Il s'autorisa un soupir. Il n'y avait absolument aucun moyen qu'un sorcier de son niveau puisse passer au travers des sorts de protection qu'il avait disposés autour du château et renforcerait scrupuleusement dans les heures à venir. La pensée lui tira un sourire résigné. Dans ces rares occasions, il acceptait plus facilement l'immensité de sa magie. Acceptait de se sentir un peu moins monstre.

             Monstre utile, tout du moins.

             Après tout, l'abominable bête pouvait devenir abominablement pratique.

             Il inspira profondément, chassa ces idées moroses loin de son esprit. Pour une fois, la certitude de sa puissance le rassura. Ce siège ne serait peut-être pas le carnage qu'il avait imaginé. Camelot pourrait s'en sortir, forcer les armées d'Odin et d'Alined à reculer comme elle l'avait fait autrefois avec celle de Cenred et Morgause, contraindre les rois à admettre que la cité était trop bien protégée pour être saisie comme un vulgaire étalage de marché. Quelle humiliation ce serait, pensa-t-il. Quel puissant message pour Albion et ses alliés. Ils pouvaient gagner.

             Oh, ils pouvaient même faire mieux, susurra son esprit. Ils pouvaient triompher. Mais pour cela, ils ne pouvaient pas se contenter de repousser deux armées venues détrôner le roi. Pour cela, ils allaient avoir besoin d'un peu de grandiloquence et d'un peu de théâtralité.

             Et Merlin avait une idée.

             Il repoussa sagement son plan dans un coin de son esprit le temps de finir d'assigner des tâches aux serviteurs. Lorsque Guenièvre le rejoignit une trentaine de minutes plus tard, le personnel s'était mis en marche comme une formidable mécanique bien huilée : des tonneaux entiers de blé et de céréales étaient roulés dans les réserves, des chaînes humaines charriaient vivres et armes dans les couloirs, une dizaine de mains préparait des tables pour accueillir les blessés et plus une âme ne demeurait immobile dans le château. La reine ne put s'empêcher de siffler d'admiration entre ses dents.

    « Je vais aller aider Gaius, décréta-t-elle lorsqu'elle réalisa qu'ils n'étaient plus que tous les deux à ne pas avoir les bras chargés et qu'ils se tenaient sans rien faire dans un couloir.

    — Il est avec Daegal, aile est, indiqua Merlin. Et Gwen, si le siège dure, on risque d'avoir besoin de rationner l'eau. Tu pourras lui dire d'être économe ? »

             Elle hocha la tête. Merlin se mordit les lèvres lorsqu'il réalisa qu'il venait de la tutoyer. Heureusement, personne ne les écoutait et Guenièvre ne sembla même pas l’avoir remarqué.

    « Les armées sont déjà visibles depuis la tour de guet, lui révéla-t-elle en saisissant son coude. Va rejoindre Arthur, il est sur la tour ouest avec Léon et sa garde rapprochée. »

             Elle avait l'air déchirée de devoir quitter le front. Connaissant son amie, elle avait dû essayer de convaincre son mari de rester à ses côtés... mais Merlin comprenait la position d'Arthur. Ils ne pouvaient pas risquer de perdre leurs deux dirigeants dans la bataille, même si la reine était fille de forgeron et aussi redoutable à l'épée que n'importe quel chevalier.

             Il ne put résister à la vague d'affection qui le submergea et la saisit dans ses bras un court instant. Le combat allait les séparer. Il ignorait quand il pourrait la voir à nouveau. Elle lui rendit son étreinte, attrapa ses yeux.

    « Fais attention à toi, murmura-t-il, parfaitement conscient qu'elle serait la première à foncer hors de l'hôpital à la moindre nécessité.

    — Toi aussi, répondit-elle. Et garde un œil sur Arthur si tu le peux.

    — Ne t'inquiète pas pour ça. »

             Tant que possible et tant que le sorcier demeurerait invisible, il ne quitterait pas l'ombre de son souverain. Guenièvre lui adressa un hochement de tête, celui qu'elle tenait d'Arthur dans ses grands moments de noblesse guerrière, puis disparut dans un mouvement de robes pourpres à l'angle du couloir.

             Merlin détala à son tour.

    Chapitre 4 - 1

    Chapitre 4 - 1

     

             Mais il ne rejoignit pas immédiatement son roi. Il traversa la cour, esquiva le flot incessant de soldats et de serviteurs qui voguaient à contresens, sauta les trois marches qui le séparaient de l'entrée de la tour sud et se précipita à l'intérieur. En moins d’une minute, il avait gravi les étages et se tenait en haut de la tourelle, dans le colombier. Par les fenêtres, il distinguait déjà les torches enflammées de l'armée. Bon sang, il n'avait plus beaucoup de temps. Il attrapa trois parchemins dans la réserve, griffonna rapidement les messages et s'immobilisa soudain lorsqu'il en vint à sceller les lettres.

             Flûte. Le sceau du roi.

             Dans les placards autour de lui, il ne trouverait que celui de Camelot. Cela risquait de ne pas être suffisant. Il avisa rapidement ses possibilités. Le sceau était autour du cou d'Arthur, contre sa peau. Impossible de le lui subtiliser en temps de combat, alors que le souverain portait cotte de maille et armure. Tant pis, il n'avait pas le choix ; il ne pouvait pas attendre. Il força la cire à fondre plus rapidement d'un coup d'œil et falsifia le cachet à l'image du sceau royal. Si son plan fonctionnait, Arthur lui pardonnerait cette contrefaçon. Si son plan fonctionnait, il n'aurait même pas à savoir qu'il était l'expéditeur.

             Il se tourna vers la porte, vérifia qu'elle soit bien verrouillée et laissa sa magie se répandre autour de lui. Quelques secondes plus tard, trois oiseaux se tenaient face à lui sur le grand perchoir. Il sourit et les remercia instinctivement d'une caresse mentale en attachant les missives à leur patte. Une fois les ficelles serrées, six petites serres agrippèrent le tissu de son avant-bras.

     « Gedrysnaþ oþ morgen cwildtíde ! »

             Sa magie enveloppa les trois pigeons d'une lueur mordorée et les fit roucouler de surprise. Merlin ne put s'empêcher d'effleurer doucement leurs plumes avant de les lâcher par la fenêtre. Parfois, il rêvait être un oiseau. Libre, léger, volant sur Camelot. Nourri par la terre et le vent.

             Les trois pigeons s'envolèrent immédiatement au-dessus des murailles et disparurent.

             Merlin sourit et fila rejoindre Arthur.

     

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             Lorsqu'il atteignit enfin la tour ouest, les deux armées grondaient aux portes de la ville. Arthur, debout en première ligne aux côtés des archers, avisait leurs ennemis sans un mot, tourné vers leurs cris et le tumulte de leurs armes. Il y avait sur son visage la détermination farouche et ferme que Merlin ne lui connaissait qu'au combat.

             Il se tourna à son tour vers le bourdonnement incessant des silhouettes disparaissant dans la nuit noire. À travers les lueurs des flambeaux, il était impossible de distinguer autre chose qu'un corps unique, immense, étendu contre les murs de pierre. Impossible de voir autre chose que l'amas noir, grouillant, dangereux, autre chose que le reflet des armes de fer dans les torches. Impossible de distinguer des hommes dans le monstre rugissant.

             Les deux armées se regardèrent de longues minutes. Le temps se figea. Une clameur monta dans les rangs face à eux. Les cris mêlés se précisèrent en un seul chant guerrier accompagné des roulements graves des tambours. Merlin les maudit. Que la musique soit laissée hors de la guerre. Qu'ils hurlent. Qu'ils aboient. Braillent. Gueulent. De quel droit osaient-ils chanter ? De quel droit osaient-ils jouer ?

             D'un seul mouvement, l'armée chargea.

    « EN JOUE ! cria Arthur aux archers à ses côtés. »

             Merlin entendit le message résonner en écho tout le long du chemin de garde, relayé par Léon et d'autres chevaliers.

    « TIREZ ! »

             Sa voix se mêla au rugissement des premiers combats en contrebas.

             Merlin attrapa une dernière fois l'image de son profil tourné vers les ténèbres, puis laissa la bataille l'avaler à son tour.

     

     >> suite du chapitre 4


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